Maison
à Saint-Briac

Saint-Briac-sur-Mer, 35800

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Construction d’une maison de famille en bord-de-mer.


Époque
1999


Protection
site protégé


MOA
privé


Stade
livré


Année
1999


Mission
complétée


Surface
300 m2


MOE
Ursula Biuso Architecte


Crédit Photos
Antonio Duarte

Malgré ses apparences, cette maison a été réalisée entre 1998 et 1999. Conçue comme si sa construction se serait étalée sur deux siècles, sa forme a vu le jour en empruntant les modes constructifs ancestraux et locaux. Composée de deux corps latéraux et d’un corps central, elle semble vouloir nous raconter une histoire.

Tout d’abord une petite maison de pêcheurs voit le jour au début du XIXe siècle. Elle est petite, mais façonnée pour résister aux agressions des vents de l’Atlantique. Rachetée au début du XXe siècle par des Parisiens pour en faire leur lieu de villégiature, elle n’a pas assez d’hauteur pour y loger une mezzanine. Les nouveaux propriétaires agrandissent alors la maison en cherchant à ouvrir la façade. Des larges ouvertures sur le nouveau salon bénéficient de la vue sur l’océan et des lucarnes en toiture illuminent les chambres installées à l’étage; qu’importe… ils ne seront pas là pendant la mauvaise saison ! Les neveux héritent dans les années 70 de ce lieu de souvenirs, mais la maison des grands-parents ne suffit plus à la famille étendue. Au lieu de la surélever, un architecte leur conseille de compléter la maison en construisant un corps s’équilibrant avec celui de la petite maison du pêcheur. La nouvelle cuisine prendra alors sa place au rez-de-chaussée de la nouvelle extension et une vaste salle de jeu sera installée à l’étage. Le large bow-window de la cuisine cherchera à rappeler le XIXe siècle, mais son style avec ses doubles vitrages et le balcon massif qui la surmonte, n’arrivera pas à cacher la facture immanquable des seventies…

Pour raconter cette histoire, il a fallu monter ce projet comme une pièce de théâtre. Le décor, la temporalité, chaque détail a eu une importance cruciale. La dimension et l’appareil des pierres, la couleur des joints, la forme et l’emplacement des ouvertures, les accidents entre les diverses toitures ; les solutions devaient répondre aux 3 époques et aux différences exigence de ses habitants imaginaires. Tout cela pour que la vision de cette maison puisse réveiller les sens, la nostalgie et le charme des temps révolus. Mais dans cette histoire, il ne faut pas oublier les habitants (les vrais), ceux qui ont commandé cette maison. Cette idée un peu farfelue qui m’a traversé l’esprit et qui a généré le projet a enthousiasmé les clients au point de la prendre au pied de la lettre.

L’aventure du chantier a pris alors une tournure fascinante et inattendue. Ils ont voulu du granite usé, car celui sorti de carrière n’aurait pas donné le charme désiré. Ils ont alors acheté une ruine à l’intérieur des terres qu’ils ont fait démonter et livrer sur le chantier. De cette montagne de moellons dont une face était déjà érodée par le temps, on a créé un appareil qui pouvait évoquer le XIXe, le début du XXe et les années 70. Les techniques d’appareil de la petite maison de droite se différencient de celle de gauche, qu’on a voulu dater plus récente. Les dimensions des menuiseries ont été adaptées aux diverses époques et les charpentes ont été taillées également selon ce principe. En parallèle, des défis techniques se posaient, comme les grandes portées des planchers, l’isolation thermique des façades, un chauffage par le sol, et une cave en sous-sol, pas très commune ici, où les marées atteignent les 12 mètres… Tout cela a été possible car l’entreprise qui a réalisé les travaux s’est, elle aussi, prise au jeu en mettant à disposition du projet tout son savoir-faire.