Atelier
Grommaire

Paris, 75014

00_architecte_patrimoine_atelier_u3a_biuso_projet_atelier-grommaire_paris_vue-aerienne

Restauration de la façade et des huisseries d’un atelier d’artiste.


Époque
1925
réalisé par André Lurçat


Protection
inscrit MH


MOA
privé


Stade
livré


Année
2010


Mission
complète


MOE
Biuso Architectes

La Villa Seurat, du nom du grand peintre français George Seurat, maître du pointillisme, est une tranquille ruelle en cul de sac du 14 arrondissement. Connue pour ses maisons-ateliers chefs-d’œuvres d’architecture du mouvement moderne, on en compte une d’Auguste Perret en 1926 pour l’artiste Chana Orloff et sept d’André Lurçat réalisées entre 1924-1927.

Parmi les œuvres de Lurçat, une se distingue par son originalité. Située aux n°3, et 5, deux maisons sont réunies dans un seul projet. Ici se trouvaient les ateliers réalisés en 1925 pour les peintres Gromaire et Goerg. Lurçat avance la façade par un corps arrondi percé de grandes fenêtres. A l’intérieur, les niveaux sont décalés pour distinguer la zone d’ habitation de celle de l’atelier, les cloisons absentes. Bien qu’exposée nord, ses espaces intérieurs sont inondés de lumière.

Le jeu des volumes évite la symétrie. L’idée originelle de Lurçat sera moins visible à la réalisation : l’architecte devra finalement incliner sont projet aux exigences du client.

Nous avons été chargés de la restauration de la façade du n°3. Une recherche sur la couleur a révélé un enduit dans la masse de ton jaune et des menuiseries vert foncé. Finalement, le parti de reproduire l’enduit blanc vient d’une demande des propriétaires et du fait que même Lurçat avait dû recouvrir la façade de blanc sur demande de son client. Les tintes des menuiseries, après leur restauration minutieuse, ont été en revanche restituées dans leur couleur d’origine.

D’entre toutes les réalisations de jeunesse d’André Lurçat, la façade de cette maison demeure la mieux conservée, la seule où est lisible dans son intégralité l’ensemble des principes qui ont fait la notoriété et l’originalité de l’architecte.

Biographie d’André Lurçat

Formé d’abord à l’École des Beaux-Arts, André Lurçat s’intéresse à l’archéologie et suit les cours à l’École de Chaillot. Cette formation devient l’appui solide sur lequel il confortera ses convictions rationalistes.

Acteur important du Mouvement Moderne, il travaille avec Robert Mallet-Stevens, et rentre en contact rapidement avec Adolf Loos, Le Corbusier, J. J. P. Oud, W. M. Dudok, J. Hoffmann, J. Frank et est invité par W. Gropius à l’inauguration du Bauhaus. Membre fondateur des Congrès Internationaux d’Architecture Moderne (CIAM), il y rencontrera P. Chareau, P. Jeanneret, et Guevrekian. Il prendra position pour un modernisme modéré se déclamant favorable aux standards « maximum » pour les logements sociaux. Cette position réveillera l’opposition de Le Corbusier qui agira pour son écartement du cercle privilégié des CIAM.

André Lurçat déménage en 1934 à Moscou, mais l’académisme architectural s’installe en Union Soviétique. Le stalinisme fera repartir donc plusieurs architectes accourus en Russie. Il revient en France en 1937, mais les conséquences de la crise de 1929 et l’entrée en guerre, touchant sérieusement le secteur du bâtiment, conduisent à l’inactivité de la plupart des architectes du mouvement moderne. Il s’engage alors à la création du Front National des Architectes Résistants.

Entre 1945 et 1967, il participe à la reconstruction comme architecte et urbaniste et devient professeur à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs puis à l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris. Avec la reconstruction, Il pourra finalement mettre en pratique ses principes architecturaux. Nombreux sont les logements sociaux et édifices scolaires ou sportifs en Ile-de-France, aujourd’hui reconnus comme patrimoine remarquable du XXe siècle. Parmi ses disciples, on remarque l’architecte Paul Chemetov.